Enseignement ordinaire

Enseignement ordinaire

Les dysphasiques et l’enseignement ordinaire

Jusqu’au milieu des années 2000, les praticiens préconisaient d’emblée l’enseignement spécialisé. Quelques dysphasiques fréquentaient l’école ordinaire, soit par manque de diagnostic (dans le cas de dysphasie légère) soit par éloignement géographique (scolarisation dans les écoles de village), mais en général sans aide particulière. La souffrance et les échecs de ces enfants peu soutenus renforçaient l’idée que la seule scolarisation possible était la spécialisée.

Les choses ont changé. Depuis 2004, un décret de la Communauté française permet différents types d’intégration avec un soutien en classe. Ce soutien introduit des méthodes adaptées aux dysphasiques dans la classe ordinaire, ainsi qu’une redéfinition des objectifs scolaires, si besoin.Ce soutien existe déjà concrètement en maternel et en primaire. Par contre à notre connaissance, en secondaire, il n'a pas encore été mis en pratique pour des dysphasiques.

1) Intégration avec soutien d’une école spécialisée

Elle peut prendre plusieurs formes :

  • Intégration temporaire totale. Le projet d'intégration est envisagé pour une durée déterminée à l'avance. L'enfant passe 100% de son temps à l'école ordinaire. Une fois la durée finie, suivant les résultats de l'intégration (au niveau scolaire et social), le projet peut être poursuivit ou pas. Pour cette intégration, il n’est pas obligatoire de fréquenter physiquement l’enseignement spécialisé, mais bien d’y être inscrit administrativement.
  • Intégration temporaire partielle. Le projet d'intégration est envisagé pour une durée déterminée à l'avance et l'enfant ne passe qu'un pourcentage de son temps à l'école ordinaire. Le reste du temps, il est à l'école spécialisée. Pour cette intégration, il est obligatoire de fréquenter physiquement l’enseignement spécialisé et l’enseignement ordinaire. L’élève est inscrit administrativement dans l’enseignement spécialisé.
  • Intégration permanente partielle. Le projet d'intégration n'a pas de fin déterminée. L'enfant passe seulement une partie de son temps è l'école ordinaire.Le projet ne prend fin que si l'enfant est loin d'atteindre les objectifs du Plan d'intervention (le PI) ou s'il est en souffrance mentale trop grande. Pour cette intégration, il est obligatoire de fréquenter physiquement l’enseignement spécialisé et l’enseignement ordinaire. L’élève est inscrit administrativement dans l’enseignement spécialisé.
  • Intégration permanente totale. Pour cette intégration, il est obligatoire d’avoir été inscrit dans l’enseignement spécialisé au plus tard le 15 janvier de l’année scolaire précédente, mais pas d’avoir physiquement fréquenté l’école spécialisée. Ce type d’intégration peut être précédé soit par une fréquentation de l’enseignement spécialisé, soit par une des trois autres formes d’intégration (temporaire totale, temporaire partielle ou permanente partielle). Si on ne souhaite pas que son enfant aille physiquement à l’école spécialisée, on peut donc commencer par une intégration temporaire totale, puis l’année scolaire suivante, passer dans une intégration permanente totale.

Pour qu’une intégration de ce type commence, il faut que tous les partenaires (école spécialisée, école ordinaire, PMS et Pouvoir Organisateur des deux écoles) soient en accord et signe une convention d’intégration avec un plan d’intégration (PI) qui définit les méthodes et moyens à mettre en œuvre pour aider l’enfant intégré. L’enfant bénéficie de 4 à 6 périodes de soutien en classe et l’accompagnant de l’école spécialisée soutient et conseille également l’enseignant ordinaire.

Il faut donc trouver deux écoles et convaincre 6 partenaires de commencer le projet. Ensuite, 2 à 3 conseils de classe ont lieu pendant l’année scolaire pour évaluer si l’enfant évolue bien et que le projet peut continuer. Si l’un des partenaires décide de ne plus participer, l’intégration stoppe et l’enfant termine son année dans l’école spécialisée qui l’a suivi.

2) Intégration avec le soutien d’un service d’aide à l’intégration

L’AWIPH en Wallonie, ou le PHARE à Bruxelles, sont des agences qui promeuvent l’intégration des personnes handicapées dans la société. Elles ont des antennes locales, les Services d’aide à l’intégration, qui aide à l’intégration scolaire, aux activités sociales et à l’autonomisation des jeunes adultes.

Un soutien par un Service d’aide à l’intégration (SAI) peut se combiner avec le soutien d’une école spécialisée ou constituer le seul soutien, si l’on ne veut pas inscrire son enfant dans une école spécialisée, même administrativement.

Il faut d’abord entrer un dossier de demande d’aide à l’AWIPH ou à PHARE pour que le SAI reçoive une subvention (le SAI choisi expliquera le processus détaillé, mais au minimum le dossier comprendra un diagnostic de dysphasie). Une petit quote-part dans les frais de soutien reste à la charge des parents.

 

Une aventure merveilleuse, mais délicate...

Une intégration réussie permet à l’enfant de vivre une scolarité épanouissante, dans un milieu stimulant et permet parfois que l’enfant dépasse ses propres limites. Si l’école ordinaire accueille la fratrie de l’enfant, cela permet un parcours proche pour tous les enfants d’une famille. Si l’enfant évolue bien, on peut même espérer d’obtenir le CEB et d’intégrer l’école secondaire ordinaire.

Toutefois, l’intégration nécessite de la part des parents une vigilance accrue pour soutenir non seulement l’enfant, mais aussi les enseignants et accompagnants. En effet, les intégrations de dysphasiques étant encore peu nombreuses et les méthodes adaptées toujours en re-définition, l’école (ordinaire ou spécialisée) peut s’essouffler ou perdre son optimisme. Parfois la communication entre les enseignants et les parents est difficile.

Les SAI peuvent alors jouer le rôle de médiateur entre les différents intervenants, afin de diminuer les tensions qui parfois s’accumulent dans un projet d’intégration. Le CEFES, à Bruxelles, est également une asbl qui peut faire médiation dans une situation difficile.

 

Pour plus de détails :

Le décret, sur www.enseignement.be : Accueil > Système éducatif > Niveaux et types d'enseignement > Enseignement spécialisé > Organisation générale > Intégration dans l'enseignement ordinaire

Le Cefes : www.cefes.be

Site de l’AWIPH et de PHARE: www.awiph.be  http://www.phare-irisnet.be/