Prise en charge
La prise en charge est en générale constituée de rééducations diverses et multidisciplinaires. Ces rééducations sont regroupées sous le terme « traitement », mais attention, il ne s’agit pas d’un traitement médicamenteux ou chirurgical, comme nous l’expliquons ci-dessous. Après cette première précision, les différentes rééducations possibles sont décrites.
Y a -t-il des traitements?
La médecine classique ne peut offrir de traitement médicamenteux ou chirurgicaux aux enfants atteints de dysphasie sévère. La clé du traitement de ces enfants est l’éducation au sens large, sans attendre plusieurs années que le « déclic » se fasse.
La base théorique est que la structure fine et le fonctionnement du cerveau sont façonnés par l’expérience environnementale. L’objectif est d’acquérir une compétence fonctionnelle.
Dans quelques cas, une pratique répétée améliore les aptitudes restantes. Dans la plupart des cas l’acquisition d’habilités substitutives surdéveloppent les fonctions épargnées en utilisant des voies de contournement.
L’efficacité de l’intervention est reconnue par l’amélioration de la performance spécifiquement visée, avec un impact éventuel sur d’autres habilités.
Parmi les causes de cette amélioration, il faut considérer :
- l’efficacité réelle du traitement;
- l’amélioration comme conséquence d’une maturation qui serait arrivée de toute façon;
- l’intervention à elle seule, pour les espoirs qu’elle crée chez les parents et l’enfant.
Les rééducations possibles
Parmi les diverses tendances de prise en charge, deux approches thérapeutiques peuvent être envisagées face à l’absence de langage oral. Tout en continuant à parler à l’enfant, on développera
- la mimogestualité
- et le langage écrit
Ces derniers interviendront aussi bien dans la rééducation logopédique que dans la pédagogie (à l’école).
En effet, la logopédie, la pédagogie et pour certains la kinésithérapie sont intimement liées.
Ces traitements doivent être simultanés et complémentaires. On croit parfois bien faire en faisant suivre un maximum de thérapies à son enfant. Attention, toutefois, à ne pas surcharger l’enfant et le priver de moments de détente qui le font progresser aussi.
La rééducation logopédique: voir la page dédiée à cette thérapie indispensable.
La mimogestualité
La communication gestuelle s’avère très utile pour beaucoup d’enfants, mais il subsiste une forte résistance sociale et familiale à apprendre ce type de communication à des enfants qui ne sont pas sourds.
Ce n’est pourtant pas une langue des signes ou un langage digital.
La mimogestualité utilise des gestes naturels, similaires à ceux que nous utilisons dans une langue qui nous est inconnue ou lorsqu’on communique au travers d’une vitre. Elle est une prothèse au langage déficitaire, et accompagnée de l’intonation de l’adulte, elle favorise la focalisation du regard et l’écoute de l’enfant dysphasique.
Elle est basée sur la forte tendance de l’être humain à utiliser des signes et des gestes lorsque la parole et l’audition font défaut.
Par l’entrainement à la mimogestualité, un contact plus approprié avec l’environnement peut s’établir et se poursuivre. Cela diminue le sentiment de frustration de l’enfant et contribue à le faire progresser tout en réduisant sa tension et son anxiété.
Les gestes ne sont donc pas des signes. L’enfant les utilise quand les mots ne viennent pas. Ces gestes disparaissent plus tard, lorsque ceux-ci sont maîtrisés.
L’avantage principal de la mimogestualité est que les gestes accompagnant la parole de l’interlocuteur, aident l’enfant à mieux comprendre. Dès qu’il comprend mieux, il reproduit mieux et il retient mieux.
Apprendre à lire pour ensuite parler
Théoriquement lire est un procédé langagier qui succède au langage oral chez l’individu « parlant ».
Nous, « parlants », en concluons alors que le langage oral est un prérequis obligé au langage écrit, et lorsqu’un enfant parle mal, nous sommes anxieux et nous craignons l’apparition d’une dyslexie.
Chez les enfants dysphasiques, on a observé qu’on parvenait à leur apprendre à lire avant l’apparition du langage, et même sans langage oral, à la seule condition d’éviter tout aspect phonétique.
Cette méthode est essentiellement visuo-graphique, utilisant des gestes et des dictionnaires visuels. Les images sont associées aux mots puis aux phrases. Ils acquièrent ainsi un bagage écrit qui construira leur langage oral.
Après une période d’apprentissage visuel et gestuel des lettres, l’adulte proposera à l’enfant des syllabes simples et signifiantes. Celles-ci seront ensuite combinées entre elles par l’enfant et le renverront à la représentation de l’objet.
Après un temps, les mots seront reconnus et compris. Photographiés dans la tête de l’enfant, ils pourront être exprimés à haute voix.
La kinésithérapie
Les troubles moteurs, quand ils sont présents, sont spécifiques à chacun. En effet, après leur observation dans le groupe au cours de gymnastique, on constate que certains d’entre eux n’ont aucun problème avec leur corps. De même, on ne peut déceler un trouble unique se retrouvant chez tous.
Par contre, chez ceux ayant besoin de rééducation, on remarque le grand plaisir qu’ils ont à découvrir leur corps, à le sentir fonctionner et on a l’impression que cette connaissance leur donne un nouveau pouvoir. Ils ont un nouvel outil à leur disposition pour investiguer le monde.
Ces enfants privés de mots, donc possédant moins de moyens que les autres, acquièrent grâce au travail du corps senti, vécu, de nouveaux repères, de nouvelles références, pour définir et comprendre les choses. Ils n’avaient que le visuel pour appréhender leur environnement, ils ont maintenant les sensations corporelles et kinesthésiques qui affinent leur perception et leur donnent de nouvelles possibilités.
Dans la pratique, peu de problèmes de communication se posent, car il est naturel en kinésithérapie de montrer les exercices et de faire des gestes. Il faut cependant bien veiller à ce que la consigne soit bien comprise.
Le canal visuel sera privilégié et utilisé en premier lieu, mais le travail les yeux fermés va vite intervenir, non pas pour améliorer l’auditif ni pour introduire des codes sonores, mais pour améliorer la perception des sensations tactiles et kinesthésiques, afin de développer les réflexes proprioceptifs (la perception de son propre corps).
Le travail les yeux fermés permet une intériorisation des sensations. Ce que l’enfant ressent prime alors sur ce qu’il voit. Cela permet d’obtenir par la suite un meilleur contrôle du geste, un meilleur résultat final, donc une confiance en soi accrue et une plus grande autonomie.
Le travail est parfois un peu frustrant pour le thérapeute, car il est difficile d’affiner les perceptions et de travailler les nuances (par le fait d’absence de mots).
Il n’existe donc pas de rééducation kinésithérapique spécifique aux enfants dysphasiques, mais pour ceux qui en ont besoin, celle-ci leur apporte une aide très précieuse dans le développement de leur personnalité, et participe à l’amélioration de leur problème de communication.
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